(poppy) life tried to crush her, but only succeeded in creating a diamond.

Novaks, nom de ton paternel que tu as gardé depuis toujours. Doux souvenirs d’une famille à qui tu ne parles plus du tout. Pas besoin de te rappeler que tu les as déçu, que tu as disparu de leur vie sans laisser une trace. Un choix que tu t’es imposé, un choix que tu leur as imposé. Tu appartiens légalement à une famille qui n’est plus la tienne.
Poppy, petite fleur. Si douce, mais pas du tout fragile. Tu chéris ton prénom comme s’il était précieux, comme si cette fleur pouvait faner lorsque l’hiver vient. Pourtant les temps froids sont passés et elle a survécu, envers et contre tous. Petite fleur, tu es faite beaucoup plus forte que tu ne le laisses voir.
Deux petites dizaines au compteur, tu as ouvert les yeux pour la première fois le 26 juin 2000. Enfant du nouveau millénaire, tu es encore si jeune, si jeune et pourtant, tu as l’impression d’avoir vécu plusieurs vies, trop d’expériences pénibles derrière toi, années que tu essaies d’oublier même si elles hantent encore tes nuits lorsque tu te laisse partir à la dérive. Les choses changent si rapidement, en l’espace de quelques instants, jamais tu n’aurais cru en être où tu es aujourd’hui.
Doux visage qui trahit le sang coréen qui coule dans tes veines, ton père est tchèque, alors que ta mère est originaire du pays du matin calme. Le portrait craché de ta mère, tu te souviens de toutes les fois où ton père t’as regardé, caressant tes cheveux, te disant à quel point tu lui rappelles l’amour de sa vie. Tu n’as jamais visité le pays d’origine de ta mère, cette peur au ventre de te sentir comme une étrangère. Prague est tout ce que tu as connu, toute ta vie.
Célibataire, Un passé amoureux comparable à une tempête en haute mer, tu préfères faire rêver les hommes, qu’ils espèrent un jour pouvoir mettre la main sur toi. Impossible, un fantasme que tu n’accorderas plus jamais à personne. Elle est l’amour de ta vie, ta fille, ce bambin d’un an à peine, et tu cicatrises à l’idée qu’elle t’ait été apportée par la personne que tu détestes le plus au monde. Drôle d’ironie, mais tu l’aimes à mourir, amour que tu ne pourras jamais retourner à qui que ce soit. Plus jamais.
Malgré toute la haine que tu voues aux hommes, ce ne sont qu’eux qui peuvent faire balader tes yeux. Tu vois ton lots d’hommes à marier, de beaux spécimens, de beautés comparables à un dieu grec, merci à ton travail, mais si l’attirance physique est une chose, tes sentiments bloquent dès que tu penses à ce qu’on t’as déjà fait subir. Tu n’aimes pas les relations vides de sens, tu attends cette connexion spéciale, peut-être que rêvasses encore un peu à l’idée de trouver ton prince charmant un jour, mais qui se réserve d’admirer le menu.
Un avenir tellement prometteur, tu as fait tes études en danse contemporaine, décrochant plusieurs contrats alors que tu n’étais même pas encore graduée. Tu te laisses encore bercer par ce doux rêve de te retrouver sous les projecteurs d’une salle prestigieuse un jour, mais avec ta réputation à perdre, tu te contentes maintenant de la scène du bar dans lequel tu travailles. Bar burlesque, tu fais briller ta féminité sans te sentir comme un morceau de viande. Tu es l’autre femme, celle que les hommes mariés viennent admirer avec un verre de whisky, tu vends un fantasme qu’ils ne pourront jamais attraper, une femme sophistiquée, forte et confiante, tu les aveugles à coup de costumes à paillettes et de mises en scène qui dépassent la réalité.
Misérable, tu es bien loin de rouler sur l’or. L’image que tu vend sur scène disparaît lorsque les lumières de la scène s’éteignent, lorsque tu quittes le bar pour retourner dans ton petit appartement, comme Cendrillon qui s’échappe du bal, la magie s’effaçant lorsque le soleil se lève et que la vie normale reprend son cours.